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Les écrivains pénétrés de l’esprit de cette fin de siècle doivent être brefs et narrer les luttes intimes du Cœur, la seule chose qui intéresse l’homme, qu’il ne connaisse pas, qu’il ne connaîtra jamais, parce que le cœur humain est aussi vaste que l’Infini.

C’est triste à dire, mais l’humanité ne saurait être ramenée à quelques types généraux mus par les mêmes règles, obéissant aux mêmes influences. De même que tous les hommes se ressemblent par la forme, mais diffèrent par les traits, de même pour dépeindre tous les cœurs, il faudrait autant de monographies qu’il y a d’individus.

L’Éternité, le Cœur et l’Infini sont trois choses qu’il ne sera jamais donné à l’homme d’approfondir complètement, trois mystères qui défieront éternellement la Science et qui sont la preuve irréfragable de l’impuissance humaine.


LE DÉCADENT

C’est pleins de ces idées que Maurice du Plessys et moi, nous avons résolu de fonder une publication qui rallierait les écrivains où se manifestaient des tendances pour la nouvelle forme littéraire.

Il y avait peu de temps que je connaissais M. du Plessys, par l’intermédiaire de M. Lucien Leroy, notre ami commun, qui nous présenta l’un à l’autre un jour de fête à Saint-Denys.