Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La reine saisit son châle, prend son chapeau, met ses bottines, et ils retournent chez Laurette. La reine demande à la bonne femme la main de sa fille pour son garçon ; la bonne femme est toute joyeuse et remercie le bon Dieu.

Alors le prince prenant la parole :

— Mais j’y mets une condition : « Le jour de notre mariage, on tuera l’oiseau aux plumes dorées, et l’on mettra à part son cœur et sa tête pour que je les mange. »

Le jour du mariage arrivé, le prince donne l’oiseau au cuisinier et lui dit : « Mets de côté la tête et le cœur ; fais-les-moi cuire, mais sans massala, je ne l’aime pas. »

Il faut que vous sachiez que la bonne femme Laurette avait deux garçons, et ces deux garçons-là savaient lire parce qu’ils étaient allés à l’école du Gouvernement. Eux aussi ils avaient lu sous les ailes de l’oiseau. Ils étaient à l’affût auprès de la cuisine. Le cuisinier sort. Ils entrent, volent dans la marmite le cœur et la tête de l’oiseau, et ils se sauvent.

Lorsque le cuisinier met l’oiseau sur la table, le cœur n’y est pas, la tête non plus.

Voilà le prince, vous dis-je, dans une colère terrible. Il cherche les fils de bonne femme Laurette pour les tuer.

Mais les deux voleurs, dans leur fuite, entrent