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un gâteau. Elle va à la cuisine, le cuisinier n’est pas là. Elle prend un œuf dans le panier et le casse. Me croirez-vous ? Une boule d’or roule à terre. La reine se baisse, ramasse la boule, la soupèse dans sa main… le cuisinier rentre.

— Eh vous, mon garçon, où avez-vous eu cet œuf-là ?

— Cet œuf-là ? C’est un œuf que j’ai acheté d’une bonne femme qui se nomme bonne femme Laurette, et dont le mari est chasseur d’oiseaux.

La reine ne dit rien et s’en va.

La reine avait un fils. Un jour que le jeune prince se promenait, il passe devant la case de bonne femme Laurette et entre. Il aperçoit l’oiseau, il le regarde, le regarde : l’oiseau était joli comme jamais oiseau n’a été joli.

— Eh vous, bonne femme, vendez-moi donc cet oiseau.

— Non, mon prince, mon oiseau n’est pas à vendre.

Le prince prend l’oiseau, joue avec, le tourne, le retourne. Il lève par hasard une de ses ailes ; il y voit des caractères écrits ; le prince lit :

« Celui qui mangera ma tête aura un sac d’argent tous les matins ; celui qui mangera mon cœur aura un sac d’or tous les soirs. »