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prennent, le fourrent dans un sac de goni et l’emportent.

Le sac était un peu bien lourd. En passant devant une boutique les gardes se sentent fatigués. Tous ces porte-bâton de la reine sont mous comme tripes, c’est connu. Soudain le plus veule des quatre dit à ses camarades :

— Eh vous ! il faut boire un coup : ce sac-là est d’un lourd !

Ils posent le sac au bord du chemin et entrent à la boutique.

Le bonhomme Francœur, dans son sac, écoute, écoute. Il entend venir quelqu’un : c’était un berger qui conduisait trois cents moutons. Quand le berger est proche, Francœur, dans son sac, commence à se lamenter.

— Ah ! mon Dieu ! que vais-je faire ? Qui viendra à mon secours ? Le roi veut que j’épouse sa fille ; il m’a fait arrêter et mettre dans ce sac. Mais je suis vieux et la princesse est jeune. C’est quand l’eau bout qu’on y met les brèdes, et il y a beau temps que mon eau n’est plus chaude ! Qui me viendra en aide ? Qui prendra ma place ?

Le berger l’entend, il lui dit :

— Eh vous, bonhomme ! Si vous voulez, je prendrai votre place.

— Grand merci, mon noir ! le bon Dieu vous bénira ! Dénouez le sac.