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Sa mère prend la flèche et lui donne un coco.

Petit-Jean s’en va. Il arrive au bord de la rivière et rencontre une négresse qui buvait dans le creux de sa main. Il lui dit :

— Négresse, négresse ! Que tu es bête de boire dans ta main ! Voilà un coco ; casse-le et mange. Tu auras la noix pour puiser de l’eau.

La négresse prend le coco, le casse et le mange. Petit-Jean se met à pleurer et dit à la négresse :

— Négresse, négresse ! je ne sais pas ça ! Rends-moi mon coco, le coco que j’ai eu avec maman, maman qui a pris ma flèche, la flèche que j’ai eue avec papa, papa qui a pris ma sauterelle, une sauterelle que j’ai trouvée pendant que je jouais.

La négresse lui donne une poignée de lentilles.

Petit-Jean s’en va. Il arrive sur le grand chemin, il rencontre un pigeon qui mangeait de petites roches par terre, il lui dit :

— Pigeon, pigeon ! que tu es bête de manger de petites roches sur le grand chemin ! Voilà des lentilles, mange.

Il sème les lentilles devant le pigeon, le pigeon mange. Petit-Jean se met à pleurer et dit au pigeon :

— Pigeon ! pigeon ! je ne sais pas ça ! Rends-moi mes lentilles, les lentilles que j’ai eues avec la négresse, la négresse qui a pris mon coco, le