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Mais Lindor ne s’attarde pas à ces tours de force puérils ; il y excellerait, on le voit, et cela lui suffit. Alors même que la rime vient par surprise usurper une place à la fin de ses premiers vers, vite il la répudie :

Bonhomme Gaspard
Tombe dans rempart,
La qué nhabit faire cerf-volant.
Aïoh Mamzelle, aïoh Mamzelle,
Vous robe la que balié la rie.
Napas la peine coné zhabitant,
So lérein raide coment bambou.

Rien de varié comme la matière de la chanson créole ; elle s’inspire de tout, ou mieux, de rien : l’incident du jour lui suffit, pour infime qu’il soit. De là, sans doute, ces obscurités qui défient toute pénétration : avec le souvenir du fait le sens de la chanson a été aboli pour toujours ; Basia soucani, il faut s’y résigner.

En dépit de leur variété, il nous semble cependant que nous pouvons ranger sous quelques chefs principaux les productions rudimentaires de notre Muse Noire. D’abord, les chansons érotiques et les chansons satiriques, car ce sont bien là les deux caractères qui s’y rencontrent le plus communément. Ensuite nous montrerons le rapsode demandant à l’histoire de rares cantilènes, d’où