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Ces attardés s’amusaient comme s’amusaient leurs pères.

Le premier jour, un couple de citadins venu de la capitale lointaine donnait le ton aux divertissements de la compagnée. On dansait des quadrilles, les lanciers, des valses surtout, aux accords savants de lacorde déon ; on chantait, on jouait aux jeux innocents, et les grands filaos sonores faisaient leur ombre légère sur cette idylle fraîche enrubannée qu’eût peinte Watteau de son pinceau le plus élégant. Mais, vers le soir, les deux Port Louisiens s’arrachèrent aux embrassements de leurs proches, et les champêtres restèrent entre eux.

La fête, nous l’avons dit, dura cinq jours. Cinq jours durant l’on chanta et l’on dansa. C’est des chansons que nous avons affaire, le lecteur n’a pas à nous le rappeler.

Le premier jour, le grand répertoire, l’opéra ; Port-Louis, nous le répétons, était là. Racel, quand di Seigneir ; O ma fille cérie ; Zardins dé Balcasar ; Ene anze, ine fanme incônie ; nous en passons, il suffit d’avoir indiqué le genre.

Le second jour, un revenez-y vers la romance sentimentale, la romance langoureuse aux yeux blancs, où lé zénes filles crielles font pleirer lé zénes zens qui chantent de la gorge : Té t’en souviens, Marie ; Mon queir é môrt à l’avénir ; Pauvré fleir déchéchée.