Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/455

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

TROISIÈME PARTIE

LA CHANSON

Séparateur


«Matière infertile et petite »



Si la tâche a été pénible de recueillir et de coordonner les matériaux de nos contes, bien plus laborieuse encore a été la réunion de ces fragments de chansons. Émiettées dans cent mémoires à la fois infidèles et jalouses de ne pas se laisser interroger, nos vraies chansons créoles n’existent plus qu’à l’état erratique. Et les morceaux en sont si petits, si ténus, qu’un doute nous est venu qui serait bien près de se changer en certitude : la chanson créole n’a existé, dans le principe, qu’à la condition qu’on appelle chanson un simple refrain. La chanson créole, en effet, n’a eu d’abord qu’une phrase, phrase unique répétée à satiété durant des heures