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tortue, malgré sa colère il est forcé de rire. La tortue lui dit :

— Le voici, mon roi. Ce n’est pas de la tortue que vous aurez à votre dîner, mais du lièvre. Cuit au vin, ça n’est pas mauvais.

Le roi tire son sabre, fait voler la tête du lièvre et l’envoie à la cuisine. Puis il appelle son domestique :

— Hé toi ! je vais au bain. Viens me frotter dans l’eau. J’ai le corps sale, oui ! [1]


  1. C’est peut-être le plus répandu de nos contes créoles, le plus incontestablement populaire : nous en avons recueilli jusqu’à sept versions différentes. C’est là une preuve de fait, preuve concluante, que le conte créole est une matière éminemment plastique que chacun est libre de reprendre pour la repétrir à sa guise. Là où la propriété littéraire est ignorée, tout sujet appartient à tous ; serait-il trop ambitieux de rappeler la littérature du haut moyen-âge tout entier ?
    Pour le conte qui nous occupe, on le retrouverait probablement dans toutes nos colonies des Indes occidentales, et quelques-uns de nos lecteurs peuvent en avoir lu une version