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ses pattes de derrière : voilà la patte collée. Bâm ! et l’autre patte se colle aussi. La tortue ne s’en préoccupe pas ; elle marche et suit son chemin. Le lièvre lui dit :

— Eh toi ! j’ai plus de force dans mes pattes de devant, oui ! Écoute-moi : lâche-moi de bon cœur.

La tortue marche et ne répond pas. Boum ! un coup de la patte gauche. Boum ! un coup de la patte droite. Collée ! collée ! Voilà le lièvre les quatre pattes attachées comme un cochon que les chinois portent au bazar. Mais le pauvre malheureux doit encore essayer de s’en tirer. Il dit à la tortue d’un ton menaçant :

— Écoute bien : je parle pour la dernière fois. Toute ma force est dans ma tête, ma tête est un marteau de fer. Si je t’en donne un coup, je t’écrase comme une papaye mûre. Lâche-moi, te dis-je, lâche-moi !

La tortue marche et ne répond pas.

Le lièvre lève la tête aussi haut qu’il peut, rassemble toutes ses forces et frappe. Boum ! la tête est collée.

Les voilà arrivés chez le roi. La tortue rit, le lièvre pleure.

Quand le roi voit le lièvre ainsi collé sur la