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une aile, essaye de s’appuyer sur l’autre, puis tombe d’un coup comme la pierre qu’un enfant a lancée en l’air. Le perroquet l’ouvre : l’œuf est dedans.

Il prend l’œuf dans son bec et s’envole sur la montagne pour attendre le nuage.

Voilà le nuage dans le lointain. Le vent le pousse, le pousse, le rapproche. Le perroquet ouvre ses ailes et entre dans le nuage. Il sait maintenant où passer, il entre dans la chambre de Colle-des-Cœurs : « Me voilà ! voilà l’œuf ! Nous n’avons pas le temps de causer, suis-moi ! »

Il pénètre dans la chambre de Corps-sans-Âme.

Le loup était étendu sur son lit ; sa respiration était courte comme celle d’un chien qui vient de forcer un lièvre. Peur-de-Rien, d’un seul coup, casse l’œuf sur la tête du loup. Que croyez-vous ? Voilà son corps qui commence à fondre en eau. Il coule, il coule ; et voilà le nuage aussi qui s’en va en pluie. Le nuage tout à l’heure va manquer sous leurs pieds. Le perroquet n’a que le temps de crier à Colle-des-Cœurs : « Saisis ma patte ! Saisis ma patte ! Ne lâche pas ! » Le nuage se déchire en morceaux ; le perroquet ouvre ses ailes, et ils descendent sur le sommet de la montagne dans une petite pluie fine qui était tout ce qui restait du nuage.