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d’écume et de sang ; qu’importe ! La lutte continue acharnée : aucun des deux ne cède ; ils s’acharnent l’un contre l’autre. Le tigre soudain saisit une patte du lion dans sa gueule ; tandis qu’il baisse ainsi la tête, le lion le prend par la nuque et secoue, secoue si fort que le tigre est réduit à lâcher prise. Le lion alors saute sur son dos et l’aplatit contre terre ; il pèse, il pèse encore, houn ! et lui casse les reins. Le tigre tourne de l’œil : il est mort.

Mais le pauvre lion était cruellement blessé et tout essoufflé par la lutte. Tandis qu’il léchait sa patte, voilà le tigre rouge qui commence à se dégager du corps du tigre blanc. Encore un instant et il sera prêt pour le combat. Mais prenez-vous Peur-de-Rien pour une bête ? Il saisit sa plume et lui dit de faire son ouvrage. Il redevint perroquet, et se pose au haut du tambalacoque. Le tigre reste déconcerté au pied de l’arbre : « Attends, lui crie le perroquet, attends que je sois un peu reposé ! nous verrons tout à l’heure ! »

Cependant, le loup, dans son nuage, se sentait le corps tout mal à l’aise : « Mais qu’ai-je donc ? je me sens tout brouillé ! » Laissons-le.

Lorsque Peur-de-Rien sent que toutes ses forces lui sont revenues, il redevient lion et fond sur le tigre rouge. Ce tigre rouge était nécessai-