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as entendu, n’oublie pas, ce n’est pas difficile à se rappeler.

Peur-de-Rien dit grand merci au lion.

Le perroquet arrache une plume du bout de son aile, la donne à Peur-de-Rien et lui dit :

— Quand tu voudras devenir un perroquet comme moi pour voler où tu voudras, tu n’auras qu’à tenir cette plume et à dire : « Et toi, plume, fais ton ouvrage, » et tu seras changé en perroquet. Quand tu voudras reprendre ta figure d’homme, tu n’auras qu’à dire : « Et toi, plume, défais ton ouvrage ! » N’oublie pas.

Peur-de-Rien remercie le perroquet. Ils s’en vont tous les trois.

Peur-de-Rien, de retour au palais, cherche le roi Gâteau pour lui raconter son aventure. Le pauvre vieux roi était étendu sur un canapé auprès d’une fenêtre ouverte. Toute la journée, depuis le petit point du jour jusqu’à la nuit noire, c’était là sa place. Il avait toujours les yeux au ciel, pour chercher à apercevoir le nuage qui lui avait volé sa fille.

Peur-de-Rien lui dit : « Ce n’est plus le moment de pleurer, papa ! je vais dans un instant aller voir Colle-des-Cœurs. Le bon Dieu a eu pitié de nous. Écrivez-lui ce que vous voudrez, c’est moi qui lui porterai votre lettre. » Et il