Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans sa misère, Peur-de-Rien n’avait qu’une petite distraction, il aimait à aller à la chasse.

Un jour qu’il était au milieu de la forêt, il entend du bruit derrière des ravenals. « C’est peut-être un cerf ! » Il avance sans bruit de l’autre côté des ravenals ; que voit-il ? Une biche abattue qu’un gros lion et un perroquet énorme se disputaient en se battant. Peur-de-Rien tire son couteau, fait deux parts de la biche et leur dit :

— Mais pourquoi donc vous battre ? La pièce est assez grosse pour deux. Je l’ai coupée juste par la moitié ; partagez de bon cœur ; que chacun de vous prenne une part.

Le lion et le perroquet sont satisfaits de l’accord. Ils disent à Peur-de-Rien : « Oui, vraiment, tu as raison ! Mais pour te récompenser d’avoir arrangé notre différend, nous voulons te faire un présent qui t’aidera à retirer Colle-des-Cœurs des mains du loup qui l’a emportée dans le nuage. »

Le lion arrache un cheveu de sa crinière, le donne à Peur-de-Rien et lui dit :

— Quand tu voudras te changer en un grand et beau lion comme moi, prends ce cheveu dans ta main et dis : « Et toi, cheveu, fais ton ouvrage, » et tu deviendras lion. Quand tu voudras reprendre ta figure d’homme, tu n’auras qu’à dire : « Et toi, cheveu, défais ton ouvrage. » Tu