Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le jour du mariage arriva. Colle-des-Cœurs avait peu dormi cette nuit-là, sa tête lui faisait un peu mal. Elle monta sur l’argamasse pour respirer un peu d’air frais. Comme elle se relevait pour aller mettre sa robe de mariée avec son bouquet de fleurs d’oranger, elle entend soudain un grand bruit dans l’air au-dessus de sa tête. Le ciel s’ouvre tout à coup, et une espèce de loup énorme saute sur l’argamasse. Il enlève Colle-des-Cœurs dans ses bras, frappe du pied, rebondit comme une balle élastique et s’enfonce dans le nuage qui l’a apporté. Le nuage se referme, ils ont disparu. La servante, qui était avec Colle-des-Cœurs sur l’argamasse, veut crier : elle ouvre la bouche, mais l’émotion l’étrangle, rien ne sort.

Lorsque la servante a raconté ce qui vient de se passer au roi Gâteau et à Peur-de-Rien, comment peindre leur désespoir ! Ils crient, ils pleurent, ils arrachent leurs cheveux, ils déchirent leurs habits ; rien n’y manque. Alors qu’y faire ? Quand ils sont las, ils s’arrêtent.

Peur-de-Rien monte sur la montagne ; il regarde, il cherche s’il apercevra ce nuage. Deux ou trois fois le nuage passe tout près de lui ; mais il a beau écarquiller ses yeux, le nuage est trop épais, il ne peut voir comment est fait le dedans du nuage.