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les empêcher de vous tuer, et vous me demandez si j’ai du mal ! Non, non ! ce n’est pas du mal, c’est du bonheur qui me vient d’eux !

Colle-des-Cœurs devient rouge comme le côté d’un letchi où frappe le soleil. Elle regarde le jeune homme et baisse les yeux. Je crois que pour le coup le fruit est mûr.

Cependant le cocher a ramené la voiture sur le grand chemin ; il a visité avec soin les harnais et les roues : il n’y a rien de cassé. Colle-des-Cœurs remonte dans la voiture, le jeune homme monte après elle :

— Jamais je ne vous laisserai seule avec ces chevaux entre les mains d’un cocher pareil ! Mais quand je suis là vous pouvez vous rassurer, Mademoiselle ; mon nom même doit vous donner confiance : je me nomme le prince Peur-de-Rien.

Peur-de-Rien et Colle-des-Cœurs causent ensemble. Lorsqu’ils arrivent au palais du roi Gâteau, Colle-des-Cœurs embrasse bien fort son père et lui raconte ce qui est arrivé. « C’est le prince Peur-de-Rien qui m’a sauvé la vie, papa ! Si vous ne pleurez pas maintenant la fille qui vous aime, c’est à lui que vous le devez, papa ! Mais comment pourrons-nous jamais nous acquitter envers lui, papa ? »

Le roi Gâteau les regarde un bon moment tous