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doit se marier ; débrouillez-vous avec elle ; si elle vous dit oui, ce n’est jamais moi qui vous dirai non. Quand la tourterelle doit prendre un mari, ce n’est pas le martin qui prépare le nid. » Colle-des-Cœurs, quand elle entendait son père parler ainsi, lui sautait au cou et l’embrassait : « Oui, certes, c’est moi qui ai un bon petit papa. » Et c’était pour cette raison que le père de Colle-des-Cœurs s’appelait le roi Gâteau.

Un jour Colle-des-Cœurs faisait une promenade en voiture. Les chevaux s’emportent. Le cocher essaye de les arrêter, impossible ! c’était une paire de Buenos-Ayres ; vous savez comme ils ont la bouche dure ; c’est l’herbe de leur pays qui en est cause. La rivière n’était pas loin ; encore un instant et la voiture va verser dans l’abîme. Colle-des-Cœurs est debout et sur le point de sauter, quand soudain elle entend une voix qui crie : « Ne sautez pas, mademoiselle ! ne sautez pas ! me voici ! » Un jeune homme s’élance hors des broussailles, se jette devant les chevaux, les saisit aux naseaux, les arrête.

Colle-des-Cœurs descend de la voiture et lui dit :

— Grand merci, Monsieur, grand merci ! c’est vous qui m’avez sauvé la vie. Mais ces méchants chevaux ne vous ont pas fait de mal, au moins ?

— Du mal ! Mademoiselle ! J’ai le bonheur de