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Aïo ! aïo ! c’est du feu que j’ai dans la poitrine ! aïo ! » Le couroupas, en s’approchant de lui, sent une affreuse odeur : c’était un œuf gâté qu’avait cassé le lièvre. « Pouah ! que tu infectes ! on n’y peut tenir près de toi ! — Hélas ! mon frère, c’est mon corps : je vais mourir, je commence à puer. Aïo ! je ne puis marcher ; porte-moi à l’hôpital, mon frère. Dieu te bénira. Aïo ! » Le couroupas avait bon cœur, il le prend sur son dos. « Donne-moi une bride, mon frère ; je suis trop faible, je tomberais. » Le couroupas lui donne une bride. « Donne-moi un fouet, mon frère ; je me servirai du manche pour te montrer par où passer, le chemin de l’hôpital est difficile à trouver. Aïo ! quand je parle, j’ai du feu dans la gorge ; ne me fais point parler, mon frère ! donne-moi un fouet, aïo ! » Le couroupas lui donne un fouet.

Quand le lièvre, à cheval sur le couroupas, tient la bride et le fouet, il le dirige du côté du palais du roi. Le couroupas marche, marche, c’est sa manière d’aller lentement. Le lièvre lui dit : « Et toi ! l’hôpital ferme à quatre heures, oui ! prends le galop, ou nous arriverons trop tard. » Le couroupas garde son pas. Le lièvre tire sur la bride qui est dans sa bouche : « Mais au galop, donc ! quand je te le dis. » Le couroupas se fâche : « Si tu ne te tiens pas tran-