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dans la ruche. Il s’en élève un nuage d’abeilles ; elles fondent sur lui, s’attachent à lui avec fureur. Il est fou, il se roule par terre, il ne bouge plus, il est comme mort. Les mouches le croient vraiment mort et le laissent là.

Deux ou trois mois se passent, et le couroupas est guéri.

Un jour, le lièvre va rendre visite à la fille du roi, et dans la conversation elle lui demande : « Est-ce que vous connaissez le couroupas, vous ? — Vous me demandez si je connais le couroupas ? Comment ne le connaîtrais-je pas ! c’est lui mon cheval. Tantôt, à quatre heures, si vous êtes à votre fenêtre, vous me verrez passer dessus. »

Le lièvre sort du palais du roi et va dans la forêt. Il savait l’endroit où couvait une mère poule. Il prend trois œufs gâtés et les met dans sa poche. Il va ensuite s’asseoir sur une roche au bord du chemin que devait suivre le couroupas. Le couroupas arrive et voit le lièvre : « Méchant gredin ! tu ne m’échapperas pas, aujourd’hui ! je vais te tuer ! » Le lièvre fait semblant de pleurer ; « Hélas ! aïo, mon ami ! tu n’auras pas la peine de me tuer ! Je suis bien, bien malade, et je serai mort tout à l’heure. Aïo ! aïo ! que je souffre ! Pardon, compère, pardon ! viens m’aider à me lever : je veux essayer de me traîner à l’hôpital ; peut-être le médecin pourra-t-il me soulager.