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« Aïo, maman ! » le couroupas se sauve, les mouches s’attachent à lui et le criblent de leurs dards.

Un ou deux mois se passent ; le couroupas était guéri. Un jour qu’il traversait un bois de palmistes, il aperçoit le lièvre. Sa colère s’éveille. « Te voilà, enfant de chien ! il faut que je te tue. » Mais le lièvre était malin. « Holà ! vous, mon noir, êtes-vous fou, pour crier ainsi ! Ne savez-vous pas que c’est l’église ici ! regardez les colonnes, — c’étaient les troncs des palmistes. C’est moi le bedeau, et je vais être obligé de vous mettre dehors si vous parlez haut. » Le couroupas interdit ne trouve pas un mot à répondre. Le lièvre va et vient dans l’église, puis revenant au couroupas il lui dit : « Eh vous, compère, goûtez-moi cette eau bénite là ! » C’était du miel. Dans ses tours et détours, le lièvre était allé tremper son doigt dans une soucoupe qu’il avait cachée sous des fougères. Le couroupas goûte le miel et fait des yeux blancs : « Maman ! ça ne s’appelle pas de bonne eau bénite, ça ! Mais où donc met-on l’eau bénite dans cette église-là ? » Le lièvre le conduit : « Voici. » C’était une ruche, et les abeilles étaient encore dedans. Le lièvre quitte le couroupas et s’esquive. Le couroupas s’approche de la ruche. « J’ai envie, dit-il, de faire ma prière. Mieux vaut commencer par prendre de l’eau bénite, » Il fourre la main