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Le jeune éléphant est content. Il leur dit : « Eh bien ! bourrez, puisque vous le désirez, bourrez ! »

Le singe dit aux animaux : « Allez chercher de l’herbe et des feuilles. Je garde avec moi le rat, le tandrac, la souris, le centpieds, le millepattes, le ver, pour vider ce grand corps-là : il faut retirer les intestins et les jeter, sinon il pourrirait trop vite.

Le lièvre, qui a tout entendu, s’enveloppe dans les intestins. Le singe les fait enlever et jeter bien loin pour qu’ils n’empuantissent pas le palais du roi.

Quand le lièvre les a entendus s’éloigner, il sort du milieu des intestins, se nettoie, s’essuie bien, et court au cimetière où l’on enterrait le défunt.

Le martin et la perruche venaient de prononcer de longs discours au bord de la fosse. Le lièvre fend la presse, arrive auprès du trou, lève les yeux et commence :

« Hélas ! hélas ! mes frères ! de quel coup cruel Dieu nous a frappés ! Quel bon roi nous avons perdu ! Et je n’étais pas là pour fermer ses yeux ! j’étais allé aux Trois-Îlots près de l’oncle de ma femme, gravement malade, lui aussi ! Je reviens, qu’est-ce que j’entends dire : « Le roi, notre bon roi est mort ! » Hélas ! hélas ! qu’on me laisse