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un bon bout de marche, il aperçut une petite lumière dans le lointain. Il marcha encore : c’était une petite case couverte en vétiver. La case était fermée, il frappa à la porte. Il entendit qu’on marchait doucement dans la maison. On avait peur, sans doute. Alors il cria : « Ouvrez, ouvrez, si vous avez bon cœur ! j’ai faim, je suis las : secourez-moi, Dieu vous secourra ! »

La porte s’ouvrit et le roi entra.

Dans la chambre, il n’y avait qu’une jeune femme. Comme il commençait à faire noir, le roi ne pouvait bien voir sa figure, mais il lui semblait que c’étaient là des traits qu’il connaissait ; on eût dit le visage de Pauline. « Hélas ! pauvre Pauline ! où est-elle maintenant ? » Le roi demande à la jeune femme un morceau à manger, et la jeune femme alla prendre dans le buffet des patates, du magnoc et un morceau de lièvre rôti. Elle posa l’assiette sur la table devant le roi. « Pauvre Pauline, elle n’avait pas de mains, elle, pour me servir ! »

Tout en mangeant, le roi regardait la jeune femme, qui allait et venait dans la chambre. Mais la jeune femme n’osait pas le regarder, on eût dit qu’elle avait peur. Tandis qu’ils étaient là tous deux, un peu embarrassés, le roi entendit un chien qui jappait dans le lointain. « C’est impossible ! mais je connais cette voix-là ! c’est la