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guerre environ cinq ou six ans, tant le cœur lui brûlait. Enfin, quand il se sentit un peu consolé, il revint à son palais.

« Où sont mes enfants ? Où est Pauline ? Où est Lieutenant ? »

Ses gens restèrent interdits. Par bonheur pour eux, on avait gardé la lettre du roi dans un tiroir de bureau. On courut la chercher et on la lui remit. Ce fut au tour du roi de rester abasourdi. Il ouvrait de grands yeux, tournait et retournait le papier entre ses mains ; certes, ce n’était pas lui qui avait écrit cela ; mais c’était son écriture : l’imitation était merveilleuse ! Que faire ? Au milieu de ses réflexions un soupçon lui vint : « Qu’on m’appelle le domestique qui a apporté cette lettre ! »

Lorsque le noir apprit que le roi l’appelait, il sentit son cœur s’en aller. Mais force lui fut de venir, quoique ses jambes se dérobassent sous lui.

À force de questions, le roi finit par lui arracher toute l’histoire. Il n’était pas difficile maintenant de deviner comment les choses s’étaient passées. Quelle colère que la colère du roi ! Il ne dit à l’homme qu’un seul mot : « Malheureux ! » Le domestique tourna trois fois sur lui-même, comme une toupie qui va mourir, et tomba tout de son long par terre. Le roi le saisit par les cheveux et le remit debout sur ses jambes :