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au bord du chemin. Elle l’arrête et lui dit : « Eh ! vous, mon noir ! c’est bien certainement la réponse du roi que vous portez au palais. Mais, pour pressé que vous soyez, je veux que vous vous arrêtiez une minute : un de mes parents vient de m’envoyer de vieux rhum de jamrosas, il faut que nous goûtions la bouteille ensemble. »

Que pouvait faire le pauvre noir ! il fallait bien entrer. Laffe-de-boue lui verse un plein verre de rhum. Il n’en but qu’une gorgée : le verre lui échappe des mains, il roule par terre, et s’endort.

Laffe-de-boue prend la lettre dans sa poche, l’ouvre et la lit. Elle saisit une plume, de l’encre, du papier, et écrit une autre lettre :

« Écoutez bien mes ordres. Qu’on prenne cette horreur de Pauline, et qu’on la jette dehors avec ses deux bâtards. Mais puisqu’elle n’a plus de mains pour les tenir, qu’on lui en attache un sur le dos, l’autre sur la poitrine. Vous avez entendu. Obéissez. Le roi. »

Le domestique se réveille. Il croit que c’est le rhum qui l’a jeté en bas, il prend son bâton et s’en va.

Lorsqu’au palais on eut appris les ordres du roi, les uns en furent affligés, car Pauline était bien bonne, les autres furent dans la joie, parce