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causer, il lui raconta de quelle commission il était chargé. Alors Laffe-de-boue le fit manger, le fit boire ; mais je ne sais trop quelle herbe elle mit dans les brèdes. Ce qu’il y a de sûr, c’est que l’homme mangeait encore que le sommeil le jetait par terre et il dormait. Laffe-de-boue prit la lettre dans la poche du domestique, elle la lut, écrivit à l’instant même une autre lettre, en contrefit la signature et la mit en place.

Le domestique, quand il s’éveilla, se frotta les yeux. Il regarde le soleil. « Maman, que de temps j’ai perdu ! » Il ramasse son bâton, dit merci à la vieille, et prend ses jambes à son cou.

Lorsque le roi reçut la lettre, qu’on juge de son chagrin ! La voici :

« Mon roi, Pauline vient d’accoucher d’un petit singe et d’un petit chien. La mère et les enfants se portent bien. Nous attendons vos ordres. »

Le roi écrivit sa réponse :

« Que ce soient des singes, que ce soient des chiens, un père doit aimer ses enfants ! Qu’on soigne bien ceux-ci. À mon retour, je déciderai. Le roi. »

Et remettant le papier au même domestique, il lui ordonne de retourner au palais et de courir.

Quand le domestique arriva devant la maison de Laffe-de-boue, la méchante vieille le guettait