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Le gardien a peur. Le soir venu, il prend son fusil, il se cache dans les feuilles de songe au bord du bassin ; la nuit était noire, pas de lune. Au coup de canon, il entend qu’on vient : tac, tac, tac : c’était un lièvre. Avant que le gardien ait le temps de lever son fusil, le lièvre vient droit à lui et lui dit :

— Bonjour, bonjour, gardien ! Comme je suis heureux de vous voir ! il y a longtemps que je cherchais à vous rencontrer, parce que j’ai quelque chose d’excellent à vous donner. Goûtez-moi ce miel que mes parents m’ont envoyé des Trois-Îlots ! vous me direz si vous avez jamais vu du miel comme ça.

Le gardien prend la calebasse et avale une gorgée :

— Oui, certes ! c’est exquis !

Le gardien reste attaché à la calebasse, et la vide. Mais je ne sais trop quelle espèce d’herbe le lièvre avait mêlée au miel : le gardien n’a que le temps de s’allonger au bord du bassin, le sommeil le prend, il ronfle. Le lièvre se déshabille en riant, et pique une tête dans l’eau.

Ce lièvre était plein de malice. Quand il en a assez, il sort du bassin, casse un long bâton, remue la vase, fait du bassin une vraie tasse de chocolat, et s’en va.

Au point du jour, le roi arrive. Il n’a besoin