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enfant par le cou, elle l’étrangle. Elle retourne dans sa chambre sans faire de bruit, elle se remet au lit, elle écoute. Elle écoute. Rien. Personne ne bouge, tout le monde dort profondément.

Le lendemain de grand matin au chant du coq, Pauline sort du lit. Elle va, elle vient, elle fait le café, l’enfant ne bouge pas. « Eh ! vous, bébé, dit en riant Pauline, savez-vous que vous savez dormir, oui ! » Le soleil se lève, l’enfant n’a pas bougé. « Eh ! vous, bébé, vous avez manqué la cloche aujourd’hui ! » Pauline approche du lit, elle retourne l’enfant, elle le regarde, elle pousse un cri : « Ah ! mon Dieu ! » et elle tombe évanouie.

Paulin a entendu son cri et le bruit de sa chute, il se précipite dans la chambre de sa sœur. Il voit son pauvre petit garçon l’œil tout blanc, chaviré, le corps noir. Il le tâte : « Ah ! mon Dieu, Lida ! Lida ! notre enfant est mort ! » Lida entre comme un tourbillon, elle prend l’enfant dans ses bras en poussant de grands cris. Puis, donnant un coup de pied à Pauline qui est toujours étendue par terre, elle dit à Paulin : « Ainsi donc tu laisseras cette misérable nous assassiner tous ici ! » Paulin perd la raison, il enlève Pauline, la charge sur son dos, l’emporte dans la forêt et lui coupe les deux mains avec une hache.