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reconnaître qui les aime et qui ne les aime pas. Celui-ci, bien qu’il n’eût pas six mois, quittait les bras de Lida pour les bras de Pauline. Dès qu’il avait fini de téter, il criait pour que Pauline le prît. Pauline le prenait, il se taisait, il se calmait.

Lida était furieuse : « Comment ! lui aussi, il aimerait cette Pauline plus que moi, sa mère ! Non ! non ! jamais ! j’aime mieux n’avoir pas d’enfant ! »

L’enfant tomba malade. Le médecin ordonna de le sevrer, le lait de la mère ne valait rien ; peut-être était-elle enceinte. Paulin retira l’enfant à Lida pour le donner à Pauline. Sa mère à présent, c’est Pauline ; c’est elle qui le soigne, qui le baigne, qui lui donne à manger sa soupe. Pauline fait coucher le pauvre petit avec elle dans un grand lit : « Comme ça, quand il aura besoin de quelque chose la nuit, je suis sûre de l’entendre se plaindre. »

Telle était la haine de Lida pour Pauline, qu’elle ne pouvait plus voir son enfant ; lorsque le petit rencontrait les yeux de sa mère, il criait comme si on l’eût écorché, tant ces yeux-là étaient méchants.

Le croirez-vous ? Une nuit, tout le monde dormait dans la maison, Lida vient doucement au lit de Pauline ; elle saisit le malheureux petit