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pouvait répondre Pauline ? Mais elle se sent un poids sur le cœur.

Lida avait un chat. Pendant le dîner, Pauline jette au chat un morceau de viande. Lida s’élance, ramasse le morceau et le jette dehors en disant à Pauline : « Eh vous ! vous savez que votre main porte malheur aux animaux ! inutile de donner à manger à mon chat, je n’ai pas envie qu’il meure. Quand je voudrai le tuer, je vous prierai de préparer son déjeûner. » Pauline ne répondit pas un mot.

Cependant, Pauline commençait à être bien malheureuse tant Lida la haïssait. Mais où aller ? Son frère était son seul parent. Force lui fut donc de rester, quoique depuis la mort de Prend-tout, Paulin ne fût plus pour elle aussi bon qu’auparavant.

Neuf mois bien juste après son mariage, Lida accoucha d’un enfant. C’était un beau petit garçon. Paulin fut heureux, Pauline aussi, et Lida même fit semblant d’être joyeuse ; mais au fond ça l’ennuyait fort, cet enfant qui jour et nuit ne faisait que crier pour lui demander à téter : impossible de dormir ! Lorsque l’enfant commença à faire ses dents, l’enfant n’eut plus qu’un cri. Et sa mère de le bousculer. Pauline le prenait, l’amusait, le caressait, le faisait taire.

Les enfants, si petits qu’ils soient, savent bien