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Il s’ensevelit tout entier dans la boue au bord de la rivière, et il attend.

Il y a déjà longtemps qu’il est là quand la mère poule vient boire : le caïman ne bouge pas. La vache vient boire, le caïman ne bouge pas. Tous les animaux viennent boire, le caïman ne bouge pas.

Voilà le chien qui vient : le caïman s’élance hors de la vase et le saisit par une patte. Mais le chien n’était pas bête. Voyant les yeux du caïman comme bouchés par la boue, il feint de rire et dit :

— Eh toi, caïman, tu te figures que c’est ma patte que tu as prise ! comme tu es bête, caïman, mais c’est un morceau de bois sec !

Le caïman étonné ouvre la bouche pour regarder ; le chien se sauve et détale, vous dis-je : le caïman a le nez cassé.

C’est de cette façon que le chien trouva le moyen de se moquer encore du caïman.[1]


  1. Les deux personnages de notre titre, bonhomme Zova et le caïman, nous donnent tout lieu de croire que le conte nous vient de Madagascar. Mais l’histoire par ailleurs n’a rien d’exotique, et fait bien plutôt songer à notre La Fontaine qu’à un