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assez cuit, mon nez me le dit. — Non, monsieur le singe, il lui faut encore un coup de feu ; attendez un petit moment, mon garçon est allé ramasser un paquet de bois sec, voici l’heure où il rentre, nous mangerons ensemble. »

Quand le singe apprend qu’ils seront trois à partager le cari, le cœur lui brûle : impossible, cela ! Il sort, va dans la cour et monte au haut d’un grand tamarinier. Il fait semblant de regarder au loin dans la plaine et soudain s’écrie : « Aïo ! mais ils vont le tuer ! bonne femme, bonne femme ! c’est votre garçon, c’est lui ! mais courez donc ! on l’assomme à coups de bâton ; aïo ! courez, courez ! ils vont le tuer ! » La bonne femme là-dessus s’élance dehors et part à la course.

Le singe descend du tamarinier et rentre dans la cuisine. Un instant lui suffit pour balayer le riz et le cari. Mais voyez la méchanceté et la malice ! Cette horreur de singe fait des malpropretés dans les marmites, remet les marmites sur le feu et retourne dans le tamarinier.

La bonne femme a rejoint son fils à l’autre bout de la plaine ; il est seul et rapporte tranquillement son fagot sur sa tête. La bonne femme devine sans peine que le singe s’est moqué d’elle ; elle se hâte de revenir avec son fils.

La bonne femme rentre dans la cuisine. Les