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parois sont à pic. Que faire ? Ils s’asseyent par terre, et Tranquille qui ne fait que penser à la tortue, pleure amèrement.

Au milieu de ses larmes il entend comme un grand bruit d’ailes au-dessus de sa tête. Il regarde : c’était un grand oiseau. L’oiseau vole en rond, les cercles se rapprochent et il vient se poser sur une pointe de rocher à mi-hauteur du précipice.

L’oiseau les regarde longtemps, et voyant que Tranquille pleure et pleure toujours, il lui demande :

— Mais qu’as-tu donc à pleurer ainsi ?

— Voyez vous-même, Monsieur l’oiseau. Mon frère et moi nous avons roulé au fond de ce précipice, comment ferons-nous pour en sortir ? Pas de chemin ! nous sommes condamnés à mourir de faim ici.

L’oiseau lui dit :

— N’aie plus peur, ne pleure plus : je vous rapporterai là haut. Mais écoutez moi bien. Je vais descendre, et tandis que je volerai tout près de vous, chacun de vous saisira une de mes ailes. Tenez bon. Alors je m’élèverai d’un seul coup. Mais il faut l’un et l’autre que vous gardiez vos yeux fermés ; si vous venez à les ouvrir, même un instant, je vous secoue, je vous jette sur les roches et je vous casse la tête. Vous avez bien entendu, prenez garde de l’oublier !