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dénoûment de l’histoire de « Zean av Zeanne », la femme de bonhomme Loulou, sincèrement émue, versera de vraies larmes, le lecteur, il nous semble, éprouvera la vive surprise que nous avons ressentie nous-même.

Une malice enjouée et pleine d’humour, tel est le sel de tout ce recueil.

Un dernier mot pour justifier, ou tout au moins pour excuser notre version française. Ce n’est point dans cette traduction trop souvent incolore que nous supplions qu’on aille chercher la saveur de nos contes créoles. Cette transcription en langue savante n’a qu’un but et qu’une raison d’être : faciliter aux lecteurs européens l’intelligence d’un texte dont, en dépit de notre amour-propre mauricien, nous n’estimons pas la conquête assez précieuse pour qu’il n’y ait pas mauvais goût à la faire acheter aux gens au prix d’une perte de temps même minime, et d’une tension d’esprit même médiocre. Notre version française aidant, peut-être quelques lecteurs auront-ils la fantaisie d’aller voir comment le patois créole s’arrangeait pour dire, non sans grâce, ce que le français vient de si lourdement raconter. Et voilà, grâce à notre ruse adroite, notre pauvre patois victorieux dans cette lutte contre son opulent adversaire. Nous savons bien qu’en fin de compte, c’est la bonne renommée du traducteur qui fera tous les frais de l’affaire ; mais le rédacteur de la partie créole béné-