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chant ; un vrai chien enragé. La reine, cette fois, ne voulut rien entendre ; elle appela ses gens et le fit jeter dehors.

Tranquille en eut le cœur déchiré. « Pauvre malheureux aveugle ! si je le laisse seul il mourra de misère, bien sûr ! non, non ! j’aime mieux le suivre. » Il rejoint Brigand sur la grande route, et tous deux s’en vont ensemble.

La nuit les surprit en chemin. Les voilà qui arrivent devant une grande belle maison tout illuminée. Ils entrent. C’était la maison d’un roi. Le roi reconnaît à leur figure que ce ne sont pas les premiers venus. Il les accueille avec des paroles pleines de politesse ; il les fait diner, leur fait donner de bons cigares et servir de la liqueur. Puis il ordonne au domestique de les conduire dans une chambre où on leur a préparé deux lits. Tranquille, tout heureux, dit bonsoir au roi, merci de vos bontés, et ils se retirent.

C’était une chambre magnifique. Rien n’y manquait : de bons lits, de bons matelats, de bons oreillers, de bonnes couvertures. Mais point de planches pour cloisons ; comme lambris rien qu’une grande glace qui descendait jusqu’au parquet.

Ils commençaient à s’endormir quand les rats se mettent à gratter derrière la cloison près du lit de Brigand. Il frappe pour les chasser ; ils s’en