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la jument. Le second ou le troisième jour après, la mère était morte et la jument aussi.

Tranquille ne faisait que pleurer ; mais comment aurait-il résisté, il avait trop peur de Brigand. Il attendit la nuit, et quand il fit tout à fait noir et que tout le monde fut endormi, il ouvrit bien doucement la porte et se sauva.

Il n’y avait pas de lune cette nuit-là. Tranquille marcha, marcha longtemps ; mais comme il faisait bien noir, il se trompa de chemin et se perdit. Il arriva dans une forêt. En regardant partout, il aperçoit une petite lumière au milieu des arbres : c’était la hutte d’une vieille grand’mère qui, autrefois, avait gardé les oies chez le roi. Tranquille frappe à la porte ; la vieille ouvre et lui demande ce qu’il veut. Tranquille lui raconte toute l’histoire : « Entrez, lui dit la bonne femme, entrez, monsieur Tranquille. Je vous connais bien, allez ! Quand j’étais jeune, il y a longtemps, j’ai travaillé chez votre père et votre mère. Entrez ; tout ce qu’il y a dans ma pauvre case est à vous, et de bon cœur. »

La bonne femme lui donne deux ou trois patates grillées, et Tranquille mange. Puis la vieille prend une natte, l’étale dans un coin de la chambre, et Tranquille se couche.

Le dimanche se passe, le lundi arrive. De grand matin Brigand n’entend pas la cloche