Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dessous les poules. Les œufs couvés refroidissent et se gâtent ; un œuf éclate. Brigand sent cette puanteur, il est furieux :

— Mais qu’est-ce que cette infection là, donc ? Le gardien lui dit que c’est un œuf gâté qui a éclaté : il fait tirer les œufs ; on les jette, on balaye. Voilà le poulailler propre.

Voilà comme Brigand entend qu’on travaille ; c’est son système. Dans toute cette immense habitation, plus une seule plantation ; plus une racine de magnoc, plus une liane de patate, plus une touffe de cannes, plus un plan de maïs : on a tout arraché, tout balayé. Partout la terre est propre, d’une propreté irréprochable.

Pour Tranquille, lui, il ne quitte pas la maison. Sa mère accouche d’une petite fille ; la jument donne une pouliche. Tranquille fait tout ce qu’il faut faire. Brigand rentre dans la maison. Il voit tout ce que fait Tranquille ; il se fâche et lui dit :

— Eh toi. Tranquille ! c’est ça ta façon de travailler ! c’est comme ça que tu exécutes les ordres de papa ! Bon à rien, va !

Il appelle tous les domestiques. Il fait enlever sa mère du lit, on l’apporte à l’écurie, on la met sur la litière. On tire la jument de l’écurie, on la conduit dans la chambre, on la couche dans le lit. Brigand force sa mère à boire de l’eau de son bouillante ; il fait entonner le bouillon de poule à