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par terre des feuilles de magnoc tombées, il appelle le commandeur :

— Eh, vous ! c’est comme ça qu’on travaille ? Je ne veux pas voir une feuille par terre ; faites balayer !

— Mais, Monsieur, jamais votre père ne s’est préoccupé de ça ? Il fait tirer l’herbe, mais à quoi bon balayer les feuilles ? C’est le magnoc lui-même qui jette ces feuilles-là ; qu’on les tire, il en tombera d’autres.

— J’ai parlé ! je ne veux pas une feuille par terre ! Puisque c’est le magnoc qui jette des feuilles, arrachez le magnoc ! arrachez ! arrachez tout ! Je veux avoir mon carreau propre !

Le commandeur veut répliquer. Brigand tombe dessus et l’assomme. Il fallut arracher le magnoc et tout balayer pour laisser la terre propre.

Brigand retourne dans la cour. Il entre au poulailler et voit du maïs répandu par terre. Il demande au gardien ce que c’est que cette saleté-là ? Le gardien lui répond que c’est le reste du maïs qu’il a jeté aux volailles. Brigand fait balayer. Il voit de la paille sous les poules qui couvent, il s’emporte contre le gardien :

— C’est comme ça que ton ouvrage est propre ! Si je trouve encore un brin de paille ici, je te casse la gueule ! Tire-moi cette paille, jette-la, balaye !

Le gardien a peur. Il tire toute la paille de