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plaque pour sa toilette de nuit, — il paraît que ça le gêne pour s’allonger sur le dos — sa queue longtemps comprimée se détend comme un ressort ; et c’est terrible ! Cette queue, du reste, sous l’empire d’une émotion soudaine, d’une vive passion, colère ou terreur, fait sauter sa plaque : ainsi, son bouchon, la topette qu’une main impatiente agite pour le soda and brandy. Cette queue est tout ce que nous avons inventé pour composer à bonhomme Loulou une figure formidable. Mais comme elle est le plus souvent sous enveloppe, et que, d’ailleurs, alors même qu’elle est en liberté, elle ne peut guère produire tout son effet que vue sous un certain angle, la terreur qu’inspire bonhomme Loulou nous paraît partout là-dedans un peu bien conventionnelle. Franchement, pour notre part, il ne nous fait pas peur. Mettez en outre que Loulou est lourd, comme tous ceux qui s’imposent des digestions trop laborieuses, si bien qu’on le met dedans avec une facilité humiliante pour son adversaire : « Loulou là, éne couroupas même, mo dire vous, » c’est un vrai colimaçon, vous dis-je.

Et c’est tout ; vous avez maintenant notre troupe au complet.

Avant de la laisser jouer devant vous, un mot sur le caractère général de son répertoire.

Nous sommes pour l’éternelle équité. Chez nous, comme dans toutes les littératures faites par le peuple pour le peuple, la vertu triomphe, le crime est puni.