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doucement et saute sur lui. » Marie-José est si content, vous dis-je, qu’il embrasse sa femme.

Arrivé au bord de la rivière, il trouve le vieux bonhomme endormi. Son cœur bat, il s’élance sur le vieillard. Le bonhomme se réveille en sursaut ; il ouvre de grands yeux pour mieux voir Marie-José, et s’écrie : « Voilà mille ans que j’existe, mais jamais je n’avais vu un homme avec des plumes et une queue ! » Marie-José part à la course, rentre chez lui, prend sa femme à pleins bras, l’embrasse encore et lui dit : « Merci, merci, ma femme ! tu m’as sauvé la vie, Dieu te bénira ! » Les voilà tous les deux bien heureux.

Le lendemain, Marie-José s’habille ; il va à la rivière ; le vieux bonhomme l’attendait et lui dit :

— Bonjour, mon garçon ! Eh bien ! tu sais mon âge ?

— Bonjour, grand-papa ! Vous allez bien ? Mais, vous ne vous êtes donc jamais taillé la barbe ?

Mais le vieux saute sur Marie-José.

— De belles paroles sauvent leur homme, mais pas avec moi, mon petit ! Quel est mon âge ? Réponds, j’écoute.

— Vous avez mille ans, grand-papa.

Le vieux est abasourdi et reste muet. Puis :