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besoins de notre cause, prenons que c’est alors que la coquille est encore occupée, et que couroupas n’est pas maître chez soi : ce qui est fort sot. Et le couroupas ne se contente pas d’être bête, il est colère. C’est à se demander si ppâ Lindor n’aurait pas observé que la bêtise et la colère n’ont rien d’incompatible entre elles. Mais prenons garde de faire le bonhomme plus sagace que nature.

Nous passons sous silence les comparses, le fretin : la baleine, l’éléphant, le rat, zozo paillenqui et autres. Mais il y a encore un premier sujet duquel nous devons dire un mot. C’est le loup, ou mieux Loulou.

Loulou est le traître de notre théâtre. C’est rarement un animal, loup ou autre, la preuve, c’est que la fable ne le connaît pas ; c’est bien plutôt notre garou, notre ogre ; si bien que pour faire taire les petits enfants qui crient, nos vieilles nénènes l’évoquent concurremment avec bonhomme Sac et bonhomme Sacouyé. En général, Loulou a figure humaine, ou peu s’en faut. À le voir passer dans la rue, en voiture surtout, car Loulou est riche, les simples, les enfants, et surtout les « zénes filles » trop pressées de trouver un mari, s’y laissent prendre le mieux du monde. Mais qu’elles se méfient, les malheureuses ! Loulou a, par derrière, une queue énorme qu’il tient soigneusement dissimulée pendant le jour sous une plaque d’or ou d’argent. Le soir, quand il quitte cette