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tenir prêtes à vous sauver quand tout à l’heure je vous appellerai.

Il retourne dans la cour, prend ses frères, les amène sans bruit dans le godon auprès de leurs cousines et leur dit :

— Pas de bruit : écoutez bien ! Tout à l’heure je tirerai un coup de fusil ; aussitôt que vous entendrez ce coup de fusil, jetez tous ensemble un grand cri ; frappez, heurtez, battez la porte, faites tout le vacarme possible ! Voilà mes ordres, c’est de cette manière que je vous sauverai la vie.

Petit Poucet retourne dans la cour ; il prend la bride de l’âne et le fait monter sous la varangue avec la charrette ; de là il pénètre dans le vestibule et s’arrête devant la porte du salon. Le loup l’aperçoit et dit à ses amis :

— En voilà un de plus à manger !

Mais Petit Poucet n’a pas peur. Il tient son fusil à la main et dit au loup :

— N’essaie pas de bouger, la maison est pleine de mes soldats. Mais je veux régler mon affaire avec toi ! ce sont tes amis eux-mêmes qui jugeront ; c’est eux qui décideront lequel est le plus fameux de toi ou de moi.

Le loup et tous les autres loups répondent d’une seule voix : « Oui, oui ! nous allons voir ! »

Petit Poucet dit au loup :

— Je te laisse commencer.