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— Si nous avions cette charrette-là, nous ne nous fatiguerions pas.

La charrette appartenait à un méchant petit malabar qui vendait du sable. Ils le bousculent, jettent le sable et montent dans la charrette.

L’âne marche, marche, marche, et les voilà tous qui ont faim ; mais, seul, Petit Poucet a une bonne provision de riz et de poisson salé. Il leur dit :

— Je vais vous donner à tous de quoi manger ; mais j’y mets une condition. C’est moi qui sera le chef ; et tout ce que je vous ordonnerai de faire, vous le ferez.

Tous disent oui, et Petit Poucet leur donne à manger.

Les voilà qui rencontrent un cocotier planté au bord de la route. Petit Poucet arrête l’âne, et leur dit :

— J’ai besoin de ce cocotier. Qu’on le coupe et le mette dans la charrette.

Ils se mettent à murmurer : « Pourquoi faire ? — c’est un gros ouvrage, ça ! — c’est dur à couper, un cocotier ! » Petit Poucet leur dit :

— Je n’entends pas tout ça ! Où est mon riz ? où est mon poisson ? J’ai dit de couper et de mettre dans la charrette.

Ils ont le bec cloué. Force leur est de descen-