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Le loup lui dit :

— C’est chez moi qu’il y a beaucoup de dangoles, beaucoup de raquettes, beaucoup de mûres, tout ce qu’il faut pour faire de bonne encre rouge ! Viens à la maison avec tes sœurs ; vous en prendrez autant que vous voudrez.

Le loup s’en va. La petite fille dit la chose à ses sœurs.

Les enfants ignorent la peur ; ils ne connaissent pas le danger. Le lendemain elles veulent aller toutes chez le loup. Le plus jeune garçon, qui s’appelait Petit Poucet, entend cela et leur dit :

— Eh vous ! prenez garde que cet homme-là ne soit un loup, oui ! n’y allez pas, les enfants !

— C’est toi qui es un enfant, un capon, un singe !

Elles le renvoient et partent.

Le lendemain. Petit Poucet retourne chez ses cousines : la maison était vide. Il appelle ; personne ne répond. Il cherche ; peut-être s’amusent-elles à jouer à cache-cache avec lui : il ne trouve rien ! Alors il se met à pleurer et s’écrie :

— Je savais bien que c’était la maison d’un loup ! Et le loup les mangera si je ne trouve pas le moyen de l’en empêcher.

Il retourne chez lui en courant, raconte la chose à ses frères, et les voilà comme des abeilles que l’on enfume : « Que faire, Petit Poucet ?