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tagne, il avait empêché un singe de manger les œufs du Paille-en-queue au bord d’un précipice. « C’est moi, je sais où est ta femme. Si tu veux la retrouver, suis-moi, il n’y a pas de temps à perdre. » — « Mais comment pourrai-je te suivre au milieu de cette obscurité ? » — « Je volerai à ras de terre, mon corps est tout blanc, mes ailes sont toutes blanches. Mais viens vite ; ce n’est pas le moment de causer ! »

L’oiseau vole et l’homme le suit. Ils vont, ils vont et arrivent au bord d’un immense fossé. C’était ce fossé même qui servait de frontière entre le pays des loups et le pays des hommes. Le paille-en-queue cesse de voler, se pose sur un pied de bois-de-natte et dit à son compagnon : « C’est ici ! il nous faut attendre un moment. Tout à l’heure les loups vont tous passer au fond de ce fossé-là : tu verras celui qui a volé ta femme. »

Le mari s’assied, il se tait et regarde. Il était là depuis un bon moment : tâ, tâ, tâ, tâ, tâ, c’est un loup qui vient. « Est-ce toi qui as pris ma femme ? » — « Houn, whoun ! » — « Ce n’est pas lui, dit le paille-en-queue, laisse-le passer. » Arrive un autre loup. « Ce n’est pas lui, laisse-le passer. » Et les loups passent, passent, passent. Soudain le paille-en-queue s’écrie : « Le voilà ! c’est lui, regarde son ventre ! » C’était un gros