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d’argent. C’était un loup. Il s’assied à côté de la malheureuse et la regarde. La femme sonne la cloche d’or. Le loup la regarde avec des yeux terribles, se jette sur elle et lui crie : « Je veux te manger ! » La pauvre femme, folle de terreur, se sauve à l’autre bout de la chambre et sonne la cloche de diamant. Le loup la poursuit ; ils tournent autour de la table en renversant les chaises ; mais la femme a beau sonner, personne ne vient. Le loup l’attrape et l’avale.

Le soir, sa journée finie, le mari revient à la maison. Il entre, il voit tout ce désordre : les chaises par terre, la table renversée, toutes les cloches avec leurs cordes cassées. Il se doute qu’il est arrivé un malheur. Il appelle sa femme, l’appelle encore ; la femme ne répond point. Il va dans la cour, il cherche, il crie… rien ! Alors il s’assied sur une grosse roche et pleure : « Ma femme est perdue ! ma femme est perdue ! »

Cette nuit-là, tandis qu’il dormait, il entend comme un rat gratter le vétiver de son toit. Il écoute : c’était en dehors, sur le faîte de la case. Il sort, il regarde ; mais l’obscurité était profonde, il ne voit rien. Il se demandait ce que ce pouvait être, quand il entend une voix qui lui dit : « C’est moi, ça. » — « Qui, toi ? » — « Moi, ton ami Paille-en-queue. » Il y avait environ trois ans, un jour qu’il cherchait des goyaves dans la mon-