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un mot, il reprend son chapeau, tourne le dos et s’en va.

Le quatrième jour : dingue, dingue, la cloche de cuivre sonne : rien. Dangue, dangue, la cloche d’argent sonne : rien ne bouge. Dongue, dongue, dongue : c’est la cloche d’or : rien ne vient. Dongue, dongue, dongue… rien ne vient. Bzinne ! bzinne ! bzinne ! la cloche de diamant ! Le mari fait un bond : « Il y a un malheur à la maison ! Il court, il vole, il s’élance dans la maison : N’aie pas peur, me voici ! n’aie pas peur, ma femme ! » La femme en riant : « Mais qu’as-tu donc ? es-tu fou ? crois-tu que le feu est à la maison ? Il n’y a rien, c’est moi qui m’ennuyais toute seule. » Le mari sent sa bouche amère. Quelle colère, vous dis-je ! Il la saisit par les deux mains, et la secouant : « Malheureuse ! malheureuse ! tu t’es jeté un mauvais sort à toi-même ! un grand malheur va fondre sur toi, tu verras ! » Il tombe sur une chaise, et la tête entre ses mains, il réfléchit.

Deux ou trois mois se passèrent.

Un jour, la femme était assise sur une natte dans sa chambre et mangeait des varangues. Elle tourne soudain la tête et aperçoit un animal énorme, debout sur le pas de la porte. Elle a peur et sonne la cloche de cuivre. L’animal entre et monte sur la natte. La femme sonne la cloche