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Quand la jeune femme se trouva toute seule à la maison sans avoir rien à faire, elle alla, elle vint, se jeta sur son lit, se releva, bref, le temps lui parut bien long et elle s’ennuya fort. Que faire ? Elle sonna donc la cloche de cuivre. Son mari accourut et lui dit : « Mais, qu’y a-t-il donc ? » — « Rien, je m’ennuyais toute seule. » Le mari secoua la tête : « Mon enfant, ce n’est pas bien de déranger les gens de leur ouvrage ! » Comme le soleil était encore à moitié de sa course, le mari retourna aux champs.

Le lendemain, la femme se remit à sonner la cloche de cuivre. Personne ne vint. Elle sonne la cloche d’argent. Le mari entend la cloche d’argent et arrive en courant de peur que sa femme n’ait quelque chose de pressé à lui dire. « Me voilà ! que me veux-tu ? » — « Rien, je m’ennuyais toute seule. » — « Tu plaisantes, je crois ! laisse donc travailler le monde ! » et il retourne à son ouvrage.

Le troisième jour, la cloche de cuivre sonne : rien. La cloche d’argent : rien encore. La cloche d’or sonne… le mari entend la cloche d’or ; il laisse là son travail, il arrive en courant à toutes jambes, il craint que sa femme ne soit malade : « Qu’as-tu ? Parle, qu’as-tu donc ? » — « Rien, je m’ennuyais toute seule. » Le mari n’ajoute pas