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s’écrie : « Il faut que nous abattions tous ces arbres, puis nous passerons, nous l’atteindrons, nous la mangerons ! » Voilà tous les loups qui taillent, qui coupent, qui cognent. Les arbres tombent, tombent, la plaine est devant eux, ils passent.

Pour la troisième fois la femme entend les loups arriver par derrière. La maison de sa mère n’est pas loin, si les loups peuvent être retardés un instant, elle arrivera, elle sera sauvée. Mais derrière elle les loups viennent comme un coup de vent. Quand elle voit qu’ils vont la saisir, elle prend la sagaie et la jette derrière son dos. La sagaie en tombant s’ouvre comme la queue d’un dindon qui fait la roue ; cette seule sagaie s’est changée en mille sagaies et le chemin des loups est barré. Les loups s’élancent, les sagaies les piquent ; les loups poussent, les sagaies leur entrent dans le corps. Les voilà tous enfilés comme des saucisses dans la boutique d’un charcutier chinois.

La femme arrive chez sa mère et lui raconte par quelles épreuves cruelles elle a passé. La bonne femme est si heureuse qu’elle s’écrie : « Jamais, jamais plus je ne tuerai une souris ; qu’elles mangent toutes mes pommes d’amour si bon leur semble ! »

Le soir on donne un grand dîner. Comme tout