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où êtes-vous ? Pourquoi ai-je quitté votre maison ! Où êtes-vous, ma mère ? Ces gens-là veulent me manger ; qui me sauvera la vie ? Petite souris, petite souris ! ayez pitié de moi, petite souris ! ne me laissez pas tuer, petite souris ! »

Tandis qu’elle pleurait ainsi, la nuit arrive. Le mari et ses amis recommencent à danser dans la cour ; la peur fait claquer les dents de la malheureuse. Soudain il lui semble qu’on lui chatouille le pied : « C’est moi, ta petite souris, n’aie pas peur. Ferme les volets de bois, de peur que de la cour on ne voie ce que nous allons faire. » La femme se lève et ferme les volets. Lorsqu’elle se retourne, la chambre est tout éclairée et la petite souris s’est changée en une belle dame avec une robe couleur d’étoiles et c’était sa robe qui répandait toute cette clarté. La belle dame lui dit : « Le moment est venu de te sauver : écoute-moi bien. Voici un balai, un œuf et une sagaie ; fuis chez ta mère, tous les loups se mettront à ta poursuite. Quand tu les verras sur le point de t’attraper, jette l’œuf derrière ton dos, mais sans détourner la tête, cours toujours. Les loups seront forcés de s’arrêter un bon moment ; mais ils arriveront de nouveau derrière toi, jette le balai. Pour la troisième fois jette la sagaie et tu arriveras enfin à la maison de ta mère. Tu as entendu ; n’oublie rien. Allons ! pars. »