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jeune femme avait bon cœur : elle donne à la souris une cuillerée de café et de pain.

Huit jours se passent ; le mari ne revient pas et chaque matin la souris vient chercher son pain et son café. Le matin du neuvième jour, pendant qu’elles mangeaient toutes les deux, le facteur apporte une lettre. C’était une lettre du mari pour dire qu’il revenait le soir, de faire cuire un bon dîner, de tirer du vin de la cave : il ramenait beaucoup d’amis à dîner. La femme toute joyeuse dit à la souris : « Il faut que je me lève pour aller donner des ordres. « La souris lui dit : « Je t’aime parce que tu as bon cœur et que tu m’as donné du café. Eh bien ! écoute-moi attentivement. Ce soir, à minuit, sors de ton lit et regarde par le trou de la serrure ; demain nous causerons. » Et la souris s’en va.

Dans l’après-midi, le mari arrive avec ses amis. On boit, on mange, on chante, on rit, on plaisante. Le mari dit à sa femme : « Il se fait tard, j’ai peur que tu ne sois fatiguée, va te coucher, nous devons rester à nous amuser entre amis. » La femme rentre dans sa chambre ; mais quand minuit sonne à la pendule, elle se lève et regarde par le trou de la serrure. La lune était claire, le mari et ses camarades dansaient au milieu de la cour. Ils avaient tous quitté leurs vêtements, leurs corps étaient couverts de longs